dimanche 15 juillet 2012

Kairouan : la ville aux cent mosquées





                                                     Cour de la grande Mosquée 



Il était une fois Kairouan


Par  Dominique Mataillet


La première ville sainte du Maghreb a été désignée Capitale de la culture islamique 2009. L’occasion de célébrer, tout au long de l’année, la vocation de centre religieux, intellectuel et artistique que la cité tunisiennne a toujours su préserver.

Lorsqu’il arrive à Fès, l’une des cités impériales du Maroc, le voyageur se voit expliquer que la vieille médina se décompose en deux parties séparées par un oued. D’un côté, le quartier des Andalous, peuplé au début du IXe siècle par des réfugiés en provenance du sud de l’Espagne, de l’autre, celui des Kairouanais, arrivés, à la même époque, de Kairouan. La plus prestigieuse des mosquées de la cité marocaine, la Qaraouiyine, tire elle aussi son nom du même toponyme.

Il était en effet une époque où la ville tunisienne brillait de mille feux sur l’ensemble du Maghreb. Son histoire commence dans la seconde moitié du VIIe siècle de l’ère chrétienne, soit quelques petites décennies après la mort, à La Mecque, de Mohammed. En 670 (an 50 de l’Hégire), les successeurs du Prophète envoient le général Oqba Ibn Nafaa fonder un campement militaire (al-Qayrawane, en arabe, d’où Kairouan) en Ifriqiya – la Tunisie actuelle – afin de servir de point d’appui à la conquête du Maghreb (l’Occident, pour les habitants du Levant). Le site est choisi à bonne distance de la côte, une soixantaine de kilomètres : ainsi est-il à l’abri d’éventuelles attaques de la flotte byzantine, qui règne alors en maître sur la Méditerranée.






La cité connaît des débuts difficiles, du fait de l’hostilité des Berbères judaïsés, dont la résistance à l’installation des Arabes sera animée par une femme, la Kahena. Les Berbères vont même prendre un temps le contrôle de la ville, avant que les Arabes ne l’emportent définitivement et y mettent en place un gouvernorat vassal des califes de Damas, puis de Bagdad. Celui-ci devient pratiquement indépendant sous la dynastie des Aghlabides, au IXe siècle, au cours de laquelle Kairouan devient un grand centre de culture islamique, répandant le malékisme, une des quatre écoles du sunnisme, dans tout l’Occident musulman. C’est à ce moment-là que la Grande Mosquée édifiée par Oqba Ibn Nafaa est agrandie et embellie. La ville dépasse alors 100 000 habitants. Son approvisionnement en eau est assuré par un système de canalisations la reliant aux montagnes avoisinantes. De grands réservoirs datant de cette époque sont d’ailleurs encore visibles. Non loin de là, sur la côte, Sousse, Monastir et Sfax sont transformés en places fortes.




                   Les bassins des Aghlabides sont un monument historique tunisien situé à Kairouan. (Wiki, ici )




D’une Dynastie à l’autre

Au début du Xe siècle, cependant, l’Ifriqiya est agitée par une série de soulèvements populaires qui entraînent la chute des Aghlabides. Le pouvoir est pris, en 909, par les Fatimides, des chiites ismaéliens originaires de Syrie. Obeid Allah, leur chef, rejetant l’autorité de Bagdad, se fait nommer calife. Très vite, les Fatimides délaissent Kairouan pour faire de Mahdia, sur la côte, leur capitale. À la fin de ce même Xe siècle, ils abandonnent même l’Ifriqiya au profit de l’Égypte, où ils fondent Le Caire. Entre-temps, pour imposer l’islam chiite aux populations berbères, adeptes du kharidjisme, les Fatimides s’étaient appuyés sur des tribus converties à leur foi, les Zirides. C’est à ces derniers qu’ils cèdent le pouvoir lors de leur départ pour l’Égypte.


                                                       Salle des prières de la grande Mosquée 



Kairouan et sa région connaissent une nouvelle période de prospérité. Ce sera la dernière. En 1047, les Zirides rejettent le chiisme et optent pour le sunnisme. La réponse des Fatimides ne se fait pas attendre. Ils organisent une expédition punitive en dépêchant des tribus bédouines de la Haute-Égypte, les Banou Hilal. En 1057, Kairouan et ses environs sont dévastés. La ville, réduite à une population de quelques centaines d’âmes, ne se relèvera jamais de ce désastre.

                                            Mirhab de la grande mosquée


Au XIIIe siècle, après que les Almohades, venus du Maroc, eurent achevé l’unification du Maghreb par la conquête de la Tunisie, Tunis devient la capitale de l’ancienne Ifriqiya. Kairouan perd toute fonction politique et connaît un lent déclin au profit des villes côtières. Parallèlement, cependant, son rôle religieux est allé grandissant, jusqu’à en faire, après La Mecque, Médine et Jérusalem, l’une des grandes villes saintes de l’islam. Pendant la colonisation française, elle sera également un foyer important du nationalisme tunisien.




Après une éclipse de plusieurs siècles, la « ville aux cent mosquées » a retrouvé un nouveau dynamisme. Elle compte aujourd’hui quelque 150 000 habitants et son agglomération 500 000. Lieu de pèlerinage pour les musulmans du monde entier, elle attire aussi nombre de touristes de passage, attirés par les innombrables édifices de sa médina qui lui ont valu d’être inscrite en 1988 sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. À l’heure où la Tunisie cherche à développer le tourisme culturel, nul doute que, grâce à ces atouts, la cité fondée par Oqba Ibn Nafaa est appelée à retrouver une bonne part de son rayonnement d’antan.



 Dominique Mataillet


Les mystères de la médina


Vestibule de la zaouïa de Sidi Abid El-Ghariani dans la médina de Kairouan.Les zaouïas abritent les tombeaux de notables qui sont ainsi honorés. La cour est pavée de marbre entrelacé de formes géométriques noires.



Par Abdelaziz Barrouhi


Les mystères, miracles et légendes font partie du mythe de Kairouan. Comment, par exemple, a-t-on pu, à l’époque, déterminer la direction de La Mecque pour placer le mihrab, qui indique la qibla vers laquelle les fidèles doivent se tourner pour prier ? La légende soutient que Oqba Ibn Nafaa, pour construire la Grande Mosquée, s’en remit à Dieu pour qu’il le guide. Pendant son sommeil, il entendit une voix lui dire qu’à son lever il devait marcher en direction des voix chantant Allah Akbar (« Dieu est grand ») et que là où elles cesseraient était la direction de la qibla.

 Les colonnes de marbre et de porphyre de la salle des prières de la Grande Mosquée font l’objet d’une autre légende, selon laquelle quiconque tenterait de les compter deviendrait aveugle. Une parabole pour signifier qu’elles sont innombrables, mais, aujourd’hui encore, on dit prudemment qu’elles dépassent les 400 – ce qui n’est pas loin du chiffre exact, qui est de 414.


La salle de prière (réservée aux musulmans) est composée à l'exemple de la mosquée du Prophète à Médine, de 17 nefs et 8 travées, formant une véritable forêt de colonnes de marbre provenant pour la plupart de l'antique Hadrumète (Sousse) ou de Carthage.



En plein cœur de la médina, une des principales curiosités est le bir Barrouta, puits dont l’eau est tirée par une noria (roue en bois) actionnée par un chameau, au premier étage d’un bâtiment. Certains historiens datent l’exploitation du bir Barrouta à la fin du IXe siècle, d’autres au XVIIe siècle : le puits aurait été foré par le gouverneur abbasside de l’Ifriqiya, Harthama Ibn el-Ayoun, en 796, et restauré pendant la période mouradite, par le bey Mohamed Ibn Mourad lui-même, en 1690. La légende veut que le bir Barrouta communique avec le bir Zem Zem, puits sacré de La Mecque, et que celui qui boit son eau en repart en meilleure santé.

Tunisiens comme touristes dégustent donc volontiers l’eau de Barrouta et ne manquent pas de donner une pièce à Mustapha, le maître de céans. Et quand on lui demande si son puits communique bien avec Zem Zem, il répond de bonne foi que « si cela existe, cela ne peut être qu’une communication spirituelle », avant d’ajouter que son eau est certifiée potable et riche en magnésium.




                                                      Bir Barrouta


L'âge d'or de la civilisation musulmane : Questions posées à Mourad Rammah,  docteur en archéologie islamique et histoire médiévale musulmane


Propos recueillis par Fawzia Zouari


Kairouanais de naissance, ce docteur en archéologie islamique et histoire médiévale musulmane a reçu le prix Aga-Khan d’architecture en 1992 pour le projet de sauvegarde de la médina. Au sein de l’Institut national du patrimoine, il a piloté le dossier de classement des médinas de Kairouan et de Sousse au patrimoine mondial de l’Unesco, en 1988.



                                              La mosquée aux trois portes
La mosquée des Trois Portes (مسجد ابن خيرون), également connue sous le nom de mosquée Ibn Khayrun, est une mosquée tunisienne située dans la médina de Kairouan.
Élevée au IXe siècle, elle possède la plus ancienne façade de mosquée sculptée et décorée du monde islamique.(wikipédia)




                                  
La façade, haute de sept mètres, est la composante la plus remarquable de l'édifice. Considérée comme l'un des plus beaux spécimens de l'architecture islamique, elle constitue un véritable inventaire du répertoire décoratif kairouanais à l'époque aghlabide. Son agencement, axiale et symétrique, comporte trois arcs appareillés et outrepassés qui reposent sur des colonnes antiques de remploi ; celui du milieu est plus haut et plus large que les deux autres. Les écoinçons des arcs sont décorés d'un exubérant décor de rinceaux entremêlés de feuilles de vigne stylisées à trois ou à cinq lobes qui rappellent le décor de la demi-coupole en bois peint du mihrab de la Grande Mosquée de Kairouan.
Au-dessus des arcs, la façade présente quatre bandeaux de panneaux de pierre rectangulaires. Celui du bas, meublé par une écriture kufique, atteste de la campagne de restauration et de rénovation de la mosquée effectuée sous la dynastie hafside : « Loué soit Dieu pour ses bienfaits. Puisse Dieu bénir notre maître Mohammed. Le bâtiment de cette mosquée bénie a été rénové en l'an 844 [correspondant aux années 1440–1441]. Nous louons Dieu et nous prions pour notre maître Mohammed et sa famille .
Plus haut se trouvent deux bandeaux calligraphiés (IXe siècle) ornés d'une écriture kufique en relief, dont les hampes des lettres sont biseautées et présentent des versets coraniques ainsi que le nom du fondateur et la date de construction, qui sont séparés par une frise à décoration essentiellement florale ; parmi les motifs se distinguent des paires de rosettes, des rosaces à huit branches composées de palmettes à cinq lobes ou de demi-fleurons ainsi que des fleurs à huit pétales en forme d'étoile. L'un de ces bandeaux présente une citation des versets 70-71 de la sourate 33 du Coran : « Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Ô vous qui croyez ! Craignez Allah et parlez avec droiture afin qu'il améliore vos actions et vous pardonne vos péchés. Quiconque obéit à Allah et à Son messager obtient certes une grande réussite ».
L'autre bandeau donne des informations précises sur la fondation de l'édifice : « Au nom de Dieu le miséricordieux et le bienveillant. À Dieu seul appartient la décision. Ainsi en a-t-il été et sera de toute éternité. Muhammed bin Khairūn al-Ma'āfirī al-Andalusī a décidé la construction de cette mosquée, pour obtenir la faveur divine et dans l'espoir de Son pardon et de Sa miséricorde, en l'an 252 ».(wikipédia)



JEUNE AFRIQUE : Quel rôle a joué Kairouan dans l’histoire de la Tunisie, en particulier, et de la Méditerranée, en général ?


MOURAD RAMMAH : Elle a joué un rôle capital dans l’islamisation et l’arabisation du Maghreb et de l’Espagne, d’abord. Fondée par Oqba Ibn Nafaa en 670 après J.-C. (an 50 de l’Hégire, 50 H.), la cité a servi de base à la conquête du Maghreb, puis de l’Espagne, à partir de 711, sous l’égide du chef militaire berbère Tariq Ibn Ziyad et, ensuite, du gouverneur de l’Ifriqiya, Moussa Ibn Nousayr.




                             Zaouïa de Sidi Abid El-Ghariani : pour une vue panoramique, voir ici, et ici en vidéo

                      

C’est depuis Kairouan que les Arabes ont entrepris la conquête de la Sicile, en 827, celle de Malte, en 869, et sont parvenus à aborder l’Italie méridionale, saccageant Rome en 846. La prise de Syracuse, capitale de la Sicile grecque, en 878, illustre la suprématie de la flotte navale aghlabide en Méditerranée occidentale, qui devient alors une « mer arabe ». Cette dynastie des Aghlabides, fondée à Kairouan en 800, a favorisé, en outre, une fusion ethnique entre les Arabes et les Berbères et procuré à l’Ifriqiya la paix sociale et la stabilité politique. Elle a doté le pays d’une infrastructure solide et des fondements de l’administration, ce qui a permis à la Tunisie de jouer un rôle primordial dans l’histoire de la Méditerranée.


                                    Mausolée Abi Zamaa Balaoui - "Sayed sahbi"
Abou Zamaa el-Balaoui (أبو زمعة البلوي) est un compagnon du prophète de l'islam, Mahomet, et l'un de ceux qui se sont engagés avec lui dans le cadre de l'« engagement sous l'arbre ».
Balaoui quitte la Péninsule arabique pour l'Ifriqiya en 654 (an 34 de l'hégire) dans le contexte de la conquête musulmane du Maghreb. Il perd la vie la même année lors d'une confrontation avec des autochtones berbères, à une trentaine de kilomètres de Kairouan (actuelle Tunisie).Selon la légende, il aurait conservé trois poils de la barbe de Mahomet avec lesquels il a demandé à être enterré après sa mort, d'où l'appellation de mosquée du Barbier donnée au mausolée qui a été construit sur l'emplacement de sa tombe, installée sur le site de Kairouan avant la fondation de la ville.
Abou Zamaa el-Balaoui est connu par les Tunisiens sous le nom de Sidi Sahbi. (source wikipédia )



Les Fatimides, qui ont succédé aux Aghlabides en 909, sont parvenus à unifier tout le Maghreb. Et c’est à partir de leur nouvelle capitale, Sabra al-Mansouriya, aux environs de Kairouan, qu’ils ont fondé Le Caire (en 969 ; 358 H.) et choisi de s’installer en Égypte.




                                                      Mosaïque de la mosquée du Barbier


C’est après leur départ que la cité connaît son apogée…





                                             Mosquée du Barbier

Kairouan a atteint son apogée, au milieu du XIe siècle, sous le règne du prince ziride Al-Moez. La ville constituait alors un nœud commercial reliant les deux extrémités du monde musulman et un centre économique qu’abordaient les commerçants venant de l’Andalousie et les caravanes des gisements aurifères du pays de Gao (Mali). Ses ports accueillaient les bateaux provenant de l’océan Indien et de la mer d’Oman chargés de marchandises orientales et indiennes distribuées ensuite dans tout l’Occident musulman et dans les ports siciliens et italiens. Enfin, la chute de Kairouan, sous le coup des tribus hilaliennes qui l’ont saccagée en 1057 (449 H.), a sonné le glas de la civilisation musulmane et présagé la suprématie de l’Europe en Méditerranée.









Quels sont les apports majeurs de Kairouan à la civilisation musulmane ?

Kairouan a d’abord joué un grand rôle religieux et spirituel dans la consolidation de la loi islamique au Maghreb. Elle avait opté pour le malékisme après avoir connu divers courants et schismes religieux. Bien que le rite malékite soit né à Médine, Kairouan a eu le mérite de l’avoir codifié et développé, grâce à Assad Ibn al-Furat (759-828) et Suhnun lbn Saïd (776-854), fondateur de l’école malékite ifriqiyenne, qui fut le plus célèbre jurisconsulte de tout l’Occident musulman.

Ses disciples ont continué son œuvre en assurant l’exégèse des ouvrages des prédécesseurs et en développant ses thèmes afin qu’ils répondent aux besoins de la société maghrébine. C’est ainsi que le malékisme a pu atteindre sa maturité, au XIe siècle (Ve de l’Hégire), et que l’école kairouanaise a pu rayonner sur l’ensemble du Maghreb et sur l’Andalousie. La persévérance des théologiens et jurisconsultes kairouanais dans la propagation du malékisme a permis d’unifier spirituellement le Maghreb sous l’étendard de ce rite sunnite, mais aussi de lui épargner les luttes entre courants et schismes religieux dont souffre actuellement l’Orient musulman.

Et concernant l’architecture et l’urbanisme ?

Le haut degré de civilisation et de raffinement atteint par la société kairouanaise a également eu des répercussions certaines sur l’urbanisme. Une école architecturale a pu se développer à Kairouan, dont les modèles se sont imposés en Ifriqiya jusqu’à l’époque contemporaine, qui n’ont été supplantés qu’à l’arrivée des Ottomans et à la suite de l’infiltration des modèles artistiques hispano-mauresques – essentiellement à partir du début du XIIIe siècle.

Cette école architecturale s’est répandue jusqu’en Sicile normande, dont certains édifices, tels l’église San Giovanni degli Eremiti et le palais de la Zisa, à Palerme, se sont inspirés.

Il en est de même pour certains minarets marocains, à Marrakech et, surtout, celui d’Al-Qaraouiyine, à Fès, fondée au IXe par la femme d’un riche Kairouanais et dont le nom est directement issu de la communauté des deux mille familles qui avaient immigré à Fès. C’est le cas aussi de la mosquée Sidi Boumédiène, à Tlemcen, construite au XIVe siècle par un sultan de Fès. Le modèle architectural kairouanais est parvenu jusqu’en Égypte, à travers l’exemple de la mosquée d’Al-Azhar (970), au Caire.






Quel fut le rayonnement culturel de Kairouan dans le Bassin méditerranéen ? 

Pendant plus de quatre siècles, la ville a été un centre intellectuel qui rayonnait sur tout le Maghreb et sur l’Andalousie.

Dès la fin du IXe siècle (IIIe siècle de l’Hégire), une académie (Beit al-Hikma) avait été créée, à l’instar de celle de Bagdad. Elle s’est spécialisée dans la traduction et dans les différentes sciences médicales, astrologiques et géométriques, instituant ainsi les bases d’une renaissance intellectuelle du pays et de tout l’Occident musulman.

Une école de médecine fut fondée par Isaac Ibn Imran, qui a atteint son apogée à l’époque fatimo-ziride, sous la houlette de Ahmad Ibn al-Jazzar [ndlr : 878-980, connu en Occident sous le nom d’Algizar], son chef de file incontestable. Il est l’auteur de plus de 44 ouvrages, dont le plus célèbre, Zad al-Moussafir [ndlr : « Viatique du voyageur »], a eu un grand retentissement aussi bien en Orient qu’en Andalousie, ainsi que son livre La Médecine des pauvres, qui constitue une première du genre. L’école médicale de Kairouan a rayonné sur la culture européenne médiévale et joué un grand rôle dans le transfert des connaissances médicales arabes vers la rive nord de la Méditerranée, à travers les universités de Salerne (Italie) et de Montpellier (France), ainsi que les villes andalouses. Plusieurs manuels médicaux ifriqiyens furent traduits en latin, en grec et en hébreu… Aucun médecin arabe ne fut autant traduit qu’Ibn al-Jazzar grâce, surtout, à Constantin l’Africain.

La cité d’aujourd’hui assure-t-elle une continuité avec celle d’hier ? 

Kairouan continue à symboliser l’âge d’or de la civilisation musulmane et la nostalgie de la belle époque révolue. Étant donné que plusieurs saints et marabouts sont venus s’y installer depuis le XIIIe siècle, y édifiant des zaouïas et l’imprégnant d’une grande spiritualité, la ville demeure l’objet d’une vénération particulière de la part des Tunisiens, de tous les Maghrébins et des Africains du sud du Sahara. Certains, par extrapolation, la considèrent comme la quatrième ville sainte de l’islam après La Mecque, Médine et Jérusalem.






Certes, Kairouan n’est plus la grande métropole du Moyen Âge, mais elle connaît actuellement une relative renaissance. Plusieurs institutions supérieures, dont une université, y ont été créées. Sa population et sa superficie dépassent pour la première fois ce qu’elles étaient au moment de son apogée, au milieu du XIe siècle, et la forêt d’oliviers qui faisait sa réputation s’est régénérée.

Une pléiade d’écrivains et de poètes tunisiens sont originaires de cette ville [ndlr : voir p. 67]. L’ancienne médina est inscrite sur la liste du patrimoine mondial depuis 1988 et constitue le site tunisien le plus visité par les touristes après celui de Carthage.

Aussi, le passé glorieux de Kairouan plaidera-t-il en sa faveur pour que la cité retrouve sa place d’antan dans un futur projet d’union maghrébine, qui tarde à se dessiner.




Source : http://www.jeuneafrique.com/


Voir aussi : Grande Mosquée de Kairouan
(fr) Site de la Grande Mosquée de Kairouan
( fr ) Cour et salle de prière de la Grande Mosquée de Kairouan en vidéo
( fr ) Mihrab de la Grande Mosquée de Kairouan en vidéo
( fr ) Lustres de la Grande Mosquée de Kairouan en vidéo
( fr ) Cadran solaire de la Grande Mosquée de Kairouan
( fr ) Visite panoramique à 360° de la Grande Mosquée de Kairouan
( fr ) Visite virtuelle et visite virtuelle panoramique de la Grande Mosquée de Kairouan
( en ) Photographies anciennes (début du XX e siècle) de la Grande Mosquée de Kairouan

(en)  http://www.footootjes.nl/Panoramas_Tunisia_2009/Panoramas_Tunisia_2009.html

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