lundi 8 avril 2013

Lettres d'un maître soufi - Le sheikh Al-'Arabi Ad-Darqâwî - Traduit par Titus Burckhardt - Lettre 52 - La sécheresse







Traduit par Titus Burckhardt
Lettre 52


Quand je me vouai à la pauvreté spirituelle (faqr) et me dépouillai de certaines conventions qui plaisent aux gens mais n'ont aucune valeur en elles-mêmes, ma famille et d'autres personnes me détestèrent puisque, au lieu de me conformer à eux, je m'en détachais. Or, pendant que nos relations étaient telles, il y eut une sécheresse; nous priâmes Dieu qu'Il nous envoyât la pluie, mais il n'y eut pas de pluie et la sécheresse durait.
 
Un jour, lorsque j 'assistais à une assemblée de famille, mon frère 'Ah (que Dieu lui soit miséricordieux) me dit: "Les amis de Dieu peuvent faire des miracles, or voici que le blé meurt brûlé par le soleil. Si tu fais partie d'eux, demande donc à Dieu qu'il fasse
pleuvoir, ou bien quitte cette condition de pauvreté spirituelle (faqr) et occupe-toi de tes études". Je me tus et ne lui répondis rien. Mais lui, il ne se tut pas: il m'insulta et m'opprima de toute sa force, et tout ceux qui étaient présents s'en réjouirent, car à leurs yeux j'étais mal tourné et aveuglé, pour la simple raison que je ne faisais pas honneur à la famille. Cette scène se prolongea, et j'acceptai tout avec patience or personne ne peut supporter une telle chose à moins que Dieu ne l'aide ou qu'il n'y soit contraint - jusqu'à ce que mon coeur se brisa; alors je sortis de la mosquée où avait lieu cette assemblée. Je levai mon regard vers le ciel, qui était pur à l'exception d'un tout petit nuage juste au-dessus de nous.

 Alors je dis, comme certains saints on dit: "Ô mon Seigneur, si tu n'as pas pitié de moi je finirai par me fâcher!" Et voici que le petit nuage au-dessus de nous s'étendit dans le vent, vers le sud et vers le nord, en avant et en arrière, puis la pluie se mit à tomber avec une telle violence que nous en fûmes mouillés à l'intérieur de la mosquée comme en dehors: l'eau envahit la mosquée où nous étions, comme elle envahît les champs, et elle nous atteignit d'en haut et d'en bas. Cela vint de la grâce divine qui recouvrit mon impuissance de Sa puissance. Salut.

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