jeudi 18 janvier 2018

Jean Foucaud - Nouveaux aperçus sur la Revue Al-Nâdî=Il-Convito






I La notion de « banquet »:

En arabe, le mot « nâd/in » signifie « cercle » et en arabe moderne: « club », alors que « convito » renvoie à la notion de « banquet ». Ce thème du banquet est très ancien puisqu'il remonte à Dionysos, appelé un peu trop rapidement par les hellénistes modernes le « dieu de la fête et du vin ». Même Daniélou rapproche la racine « nysos » de l'allemand « ge-niessen » (jouir ) et du nom originel de la ville de Nice (Nizza, et non pas Nikaia, selon lui !) Cette interprétation est trop réductrice comme nous le verrons ci-après.


On trouve plus tard le dialogue de Platon (le banquet), dont le thème dérive du dieu grec Iakchos, prononcé « Yanchos » et dont les Romains feront « Bacchus », d'où dérive directement notre mot « banquet », apparenté avec la racine indo-européenne « Bank » et la le mot grec « bagma », qui signifie « discours » . Enfin, il y a le  banquet «  divin » de la Cène du Christ avec les 12 Apôtres . Ce rapprochement se justifie par le fait que dans ces 3 exemples, il y a un thème commun : le Vin. Ce vin, c'est celui de la « Khamriya » (Eloge du Vin) du grand Poète ésotérique 'Omar ibn al-Fârid :


« charibnâ 'alâ dhikri l-habîbi mudâmmatan


« sakarnâ bi-ha min qablu an yukhlaqa-l-karm.(i)

(Nous avons bu un vin en invoquant l'Ami

Nous nous en sommes enivrés [bien] avant la création de la vigne).

(1) Comme le dit l'auteur de la note en arabe : « C'est le vin de l'Amour divin que les élus boiront au jour du Pacte (mîthâq) ».

Les 3 premiers Banquets cités sont effectifs , alors que les 3 suivants sont littéraires :

- le « banquet «  de Dante, texte écrit vers 1304
- le « banquet » de Marcel Ficin (1443-1499), maître de l'Ecole platonicienne de Florence.
- et enfin, « il-convito », fondé par Aguéli et Insabato en 1904.

On remarquera les concidences numérologiques suivantes

Il-Convivio :1304
1904: il-Convito
arrestation des Templiers:1307 1907:fin de la revue Il-Convito
fin de l'Ordre du Temple:1314 1917 :cessation de la fonction d'Aguéli (même dès 1913
décès de Dante :1321
1921: découverte du sens ésotérique de l'oeuvre de Dante (2)

(2) par Arturo Reghini (a) ; mais Guénon ne tardera pas à donner le point de vue ésotérique en 1925, soit 604 ans après le décès de Dante .
(a)dans l'article :"L'allegoria esotérica de Dante - sept./nov. 1921 - cité par RG, dans AS &PT, p.106)


Chaque fois, on retrouve le nombre 600/604 ans (3); ce n'est pas un hasard :Guénon avait écrit dans le Voile d'isis de février 1929 : « ...il était prévu que le secret devait être gardé pendant six siècles (le Naros chaldéen);... »

(3) Pour les curieux de numérologie, nous signalons qu'entre la date de naissance de Dante et celle d'Aguéli (dont un des pseudonymes était « Dante »!(a) - il y a exactement 604 ans !


(a) cf.  ici  notre étude sur les "Pseudonymes d'Aguéli"

La notion de Cène, de Table servie, liée à un rite initiatique n'est pas absente de l'Islam, si l'on comprend le sens ésotérique de la sourate V ( al-Mâ'ida = la Table servie)

II  La REVUE :

Le premier n° paraît le 22 mai 1904; la revue est hebdomadaire, ce qui dénote l'ambition des fondateurs (Insabato pour les fonds et Aguéli pour toute la partie intellectuelle.) De 4 pages , la revue passe à 8 pages et, à partir de  ANNO   IV, serie 2 , n°1 – soit au début 1907 -, elle devient mensuelle . (pour plus de précisions, voir l'addendum de Henrik Samuel Nyberg, traduit par nos soins et publié ici, en 2015). En fait il y  en a 2 versions ,une en arabe et une autre en italien, qui ne coincident pas entièrement . IL y avait aussi des articles en turc.

On mesurera le tour de  force  d'Aguéli écrivant directement en italien et surtout traduisant en italien des textes arabes d'Ibn 'Arabi, alors qu'il était suédois, c'est à dire une langue aux antipodes de l'italien et de l'arabe !


Parmi les rédacteurs, il y a évidemment Aguéli qui signe  «  Dante » dès le n° 4 du  19/6/1904; dans le n°7, il signera déjà Abdul-Hadi al-Maghrabi ( « I Enemici del 'Islam »), al-Maghrabi  étant le titre du Cheykh Elish el-Kebir. 

Insabato signe de son nom une série d'articles dans les n° 12, 13 et 14 sur  « L'islamismo in Cina »; mais l'on sait par  des lettres d'Aguéli qu'il lui devait beaucoup, étant plus directeur que rédacteur. 

Il y a aussi un certain Sultan Saïd Salim Abdallah , venu des Comores, qui voulait traduire E.Hello, Léon Bloy et M-C Emmerich (!) en arabe , pendant qu' Aguéli envisageait sérieusement de traduire Rabelais  en arabe ! On imagine la difficulté , mais aussi l'étendue de la culture ésotérique d' Aguéli (RG , à la suite d'Aguéli, considérait Rabelais comme un initié).

Enfin, il y eut un rédacteur éphèmère et inattendu (Jean Roth ) sur lequel nous reviendrons plus tard et plus longuement.

Il y eut bien d'autres « pigistes » occasionnels sans grand intérêt  dont un certain « Foursaddan »(?), des « proffessore » et quelques  tentatives d'entrisme d'ennemis de la revue  et des pseudo-islamistes du genre du Prince Caetano (1869-1935), avec son énorme Encyclopédie (« Annali del 'Islam), recensée dès octobre 1904.

Bien entendu , il n'est jamais question de Dupré, cité par certains comme un grand ami d'Aguéli et prétendant avoir été avec lui au Caire pendant 12 ans, de 1903 à 1915, alors qu'Aguéli avait quitté l'Egypte dès oct. 1909. Que voilà un témoin fiable!  (cf. l'introduction d'un certain G.Rocca  aux Ecrits sur la Gnose /Arche Milano, 1988, qui est un tissu d'erreurs savamment distillées, écrivions -nous dans VLT, n°72 /1998).

La revue succomba aux attaques de ses ennemis, selon des lettres d'Aguéli à mme Huot et à sa mère, parmi lesquels il compte les Jésuites, les missionnaires, les maçons, sans parler des agents de l'Angleterre, de l'Allemagne et même des Turcs  conspirant contre leur Empire  (cf. notre étude à suivre sur : «AGUELI, AGENT  SECRET).  Insabato, avouant sa traîtrise, laissera Aguéli en plan, avec une  revue inachevée (déc. 1907) et  des menaces pour sa sécurité : il se sauvera lâchement en Italie auprès de ses chefs, dont le Premier  ministre Giolitti.. Aguéli dira dans une lettre de 1909: « on a failli nous faire  couper  la tête.. »

Comme le fera remarquer Michel Vâlsan : à partir de 1907, la revue prend une orientation traditionnelle, avec la publication et la traduction de textes d'Ibn 'Arabi, alors qu'avant Il-Convito faisait  plutôt figure de revue « engagée », militante  et se bornant  surtout à un point de vue politique et culturel arabo-islamique, ce qui intéressait évidemment Enrico Insabato (qui l'avait fondée pour cela) (a), mais ne pouvait suffire à contenter un authentique initié comme Aguéli,devenu entre-temps  « Cheykh 'abdul-Hadi al-Maghribi 'Aqili (ou : »'Uqayli »)

(a) encore que le « Direttore (et « Dottore ») ait eu cette formule énigmatique dans l'éditorial de 1907 (Anno IV – serie II -n°1): »Noi vogliamo aprire una nouva era  evocando gli angeli e si buoni spiriti di questi due astri [Mercurio e Venere] » (allusion aux 2 articles d'Aguéli ?


III Suite des ENIGMES dans la VIE d'AGUELI : «l'AFFAIRE »  JEAN ORTH






Revenons au texte si précieux d'Axel Gauffin (t.II,  chap. 4) :



« Dans la lettre qu'il m'adressa , M.Georges Rémond [Directeur du Service des Beaux-arts au Caire] présente une galerie de portraits... » (Il cite les différents  rédacteurs – voir ci-dessus) .. « mais le nom le plus extraordinaire dans la lettre de M. Rémond est celui de 'Jean Orth, grand Duc de Toscane'. »





Dans le Gotha nordique, nous indique M. Gauffin, il y a une notice biographique consacrée à  : Johann Nepomuk Salvator, également Prince de Toscane, fils cadet du Grand Duc Léopold II de Toscane, né le 25 novembre 1852 à Florence...Johann renonça en 1889 à tous ses titres et prit le nom de Johann ORTH (d'après le château d'Orth près de Gmunden. Il arma ensuite un navire de commerce (la « Margharita ») mais périt en 1889 lors d'un naufrage sur une côte méridionale d'Amérique du Sud...Il aurait survécu et aurait été reconnu dans différents pays. Cette notice a été imprimée le 14 mars 1910 ... [mais] l'année 1891 est considérée comme la date officielle de sa mort» (*).Gauffin poursuit : « on doit qualifier de nouvelle sensationnelle le fait que, 14 ans plus tard, (1905) feu le grand Duc réapparaissait comme collaborateur d'un journal arabo-italien, imprimé au Caire et rédigé par un artiste suédois converti à l'Islam . J'avais certes déjà vu le nom de Johann Orth figurer dans une lettre d'Aguéli adressée à Mme Huot, mais je dois avouer, tant l'affaire paraissait étrange – pour dire le moins – que la confirmation par un haut et respecté fonctionnaire français était particulièrement opportune.

Au moment où nous relisions ce passage, paraissait un ouvrage de Gérard de Sède (« Rennes-le-Chateau » / Le Dossier , les impostures, les phantaisies, les hypothèses.- Laffont, janvier 1989) , nous fûmes frappé par la coincidence des noms et nous écrivîmes la note suivante :

« Dans son dernier ouvrage sur l'affaire de Rennes-le-Chateau, qui a fait couler tellement d'encre depuis 20 ans, et qu'il avait contribué lui-même à lancer, Gérard de Sède apporte d'autres précisions, mais aussi des complications, voire des invraisemblances, comme à son habitude, sur ce Jean Salvator, archiduc et neveu de François-Joseph d'Autriche, qui aurait eu un double en la personne d'un deuxième « Jean Orth », né celui-ci le 10 déc. 1858 et mort assassiné en Egypte(**). On se demande alors, si ces renseignements sont sérieux, à quel Jean Orth on a affaire dans  l'équipe rédactionnelle d'Il-Convito. Mais ceci montre de nouveau un aspect inattendu et sensationnel des relations d'Ivan Aguéli avec tout un monde énigmatique. - Nous aurions pu faire part à M.de Sède de cette référence  suédoise mais, le connaissant  comme un manipulateur ' manipulé', nous préférâmes nous en abstenir ; Quelle exploitation en aurait-il faite ?

Toujours est-il qu'il y a bien eu , d'après nos recherches ultérieures, un 2è Jean Orth qui a effectivement collaboré à  Il-Convito. En tout  cas, aucun n° ne mentionne le nom de Jean Orth jusqu'en 1905, et ,curieusement, il manque, à Stockholm l'année 1906 , à moins qu'il n'ait écrit sous un pseudonyme, ce qui est encore possible, car sa vie était menacée (il finira assassiné en plein centre du Caire, le 23/12/1921 à l'âge de 62 ans, selon son fils  - Editions du Mont Blanc – 1974)

Toute cette affaire rappelle fâcheusement la prétendue survivance de Louis XVII  sous le nom de Naundorff (les tests ADN récents ont prouvé l'imposture de cette pseudo-dynastie).

(*) Cette date intéresse beaucoup les occultistes !



(**) Explication ingénieuse de G.de Sède : « (ce 2è Jean Orth)  fut déclaré mort le jour même et élevé en secret au Luxembourg dans une famille du nom de Orth qui le fit passer pour son fils. Pourquoi cette romanesque substitution d'identité? Tout simplement pour des raisons dynastiques » - C'est pourquoi , en janvier 1975, nous dit de Sède, l'archiduc Rodolphe ,6è enfant du dernier Empereur d'Autriche-Hongrie se serait rendu à Carcassonne pour s'entretenir de l'affaire Béranger Saunière avec des gens avertis (nous sommes obligé de simplifier, l'affaire étant assez obscure, mais nous y reviendrons dans une annexe plus complète
A suivre


 suite 20/01/2018

Les sources – imparfaites mais les seules existantes – sont Alain Decaux, Maurice Paléologue et surtout le propre fils de Jean Orth (1911 -19...?) car les deux premiers sont bien décevants. Seul le fils, Jean Orth junior, suit les traces de son père et nous donne une chronologie vraisemblable.

Il a donc fallu procéder à des recoupements, des vérifications de dates et énoncer des hypothèses soutenables.

Pour ne pas y revenir, voyons ce que peut signifier ce pseudonyme « ORTH ».

On sait déjà qu'il y a un château d' Ort(h), près de Gmunden (Autriche), au bord du lac Traunsee. Ort est l'anagramme de Rot (rouge : on accusait ce 1er Jean Orth d'idéologie anti-impériale). Ce mot est aussi le début de « roturier » (puisque le Prince avait renié ses origines). Enfin, au point où l'on en est, certains verront dans les lettres O.R.T le signe d'un Ordre Rénové du Temple ! (Celui de Guénon était l'OTR ,ce qui n'est pas pareil ...); et pourquoi pas le dieu païen Thor ? - IL y a de plus une coincidence curieuse entre le nom du château et celui des « nourriciers » du 2è Jean Orth, qui prendra leur nom.



Il y a tout de même une énigme: Jules Verne (très en vogue chez les occultistes qui le prennent pour un grand initié) a commis une note assez inattendue dans son ouvrage à clés : « Clovis DARDENTOR », chap IV, note 1 (1897):

« Louis -Salvator d'Autriche, neveu de l'Empereur, dernier frère de Ferdinand IV, grand Duc de Toscane, et dont le frère, alors qu'il naviguait sous le nom de Jean Orth, n'est jamais revenu d'un voyage dans les mers du Sud-Amérique » (réf. :A. de l'Estoile, « Le Secret des Rois de France – J'ai Lu, 2014). On se demande ce que vient faire cette note dans l'ouvrage de Jules Verne. Dans ce livre, il y a aussi un certain capitaine Bugarach; or ce Dardentor est né en 1857 (presque comme Jean Orth), et son nom se termine par « TOR ». De plus, certains voient dans le personnage de Kaw-Djer (« Les Naufragés de Jonathan ») le portrait de Jean Roth. Il n'en a pas fallu plus pour enflammer les esprits, mais sans résultat quant à l'énigme qui nous occupe !

Partons de ce qui est actuellement avéré comme le plus vraisemblable : il y a bien deux Jean Orth, mais le 1er est né en 1852, alors que le 2è, né officiellement le 10/12/1859 à Wasserbillig (au Luxembourg) serait en réalité né le 10/12/1858 à Florence. On pense déjà à une falsification et à une substitution d'enfants comme pour Louis XVII, ou une « fabrication » de personnage illustre comme dans le cas de la fausse Anastasia Romanoff, à partir d'une roturière (cf. le dossier remarquable réuni par Alain Decaux).
Pour clore cette entrée en matières, n'oublions pas de signaler qu'au moment où Aguéli et Guénon étaient encore en relation, un certain G. ORTH écrivait un Compte Rendu de revues dans le Voile d'Isis, n° 37 de janvier 1913, p.30...Curieuse coincidence !

Le mieux, pour s'y retrouver sans trop souffrir, est de suivre la chronologie présentée de façon acceptable par le fils de Jean Orth en la confrontant avec des données venant d'Aguéli, qui nous sera d'un grand secours, et d'autres témoins (plus ou moins fiables, car ils ont souvent l'air d'avoir été suscités par les services secrets autrichiens et allemands, qui avaient intérêt à brouiller les pistes - qu'on pense en France à l'affaire Ben Barka en 1966 ou pire, à l'assassinat de John Kennedy – au point qu'on ne sait toujours rien de sûr 54 ans après !).

CHRONOLOGIE

-1885 ; il est à Vienne et il y rencontre en 1886 Maria -Antonietta qui lui révèle qu'il est son petit-fils !

-1890: A cette date, d'aucuns prétendent que Jean Orth (le 1er), était à Rennes -le-Château (juste après son naufrage en Amérique !) Quel don d'ubiquité§ (cf. l'affrontement de J.Robin et P.Ferté sur cette grave question)

-1891 (date de disparition officielle du 1er Orth): apparition du 2è Orth à Alger! Il y restera 7 ans et en sera expulsé en 1898, qui est la date de décès de sa supposée grand-mère Maria -Antonietta qui le stipendiait. A partir de cette date, il va aller d'errance en errance et aura des difficultés de subsistance, ce qui n'était pas le cas avant !... Curieuse coincidence ...

En 1899, il est à Monaco; on le retrouve à Florence en 1900, d'où il est expulsé vers la Suisse.

-en juin 1901, il est à Paris puis Alger

-de 1898 à 1903: on le suit successivement à Mulhouse, Mayence , Sarreguemines, Paris; l'Angleterre, l'Allemagne..

-. en 1903 on le retrouve à Munich

-enfin, le 1er janvier 1904, il débarque à Alexandrie et dès le 5 février, il va voir à Ramleh (actuellement :midan Ramla, station de chemin de fer) l'archiduc Louis-Salvator d'Autriche(1847-1915), fils de Léopold II (né en 1797-1870 ), censé être son oncle, mais frère du 1er Jean Orth né en 1852, ce qui paraît « acrobatique » quant à la vraisemblance de cette généalogie.

L'archiduc est gêné puis effrayé de le voir poser des questions sur ses origines . Il laisse entendre que son frère Ferdinand (1823-1898. ) aurait eu un enfant (illégitime ) et ,vu le contexte, on est en droit de supposer que ce pourrait être Jean Orth n°2 (celui qu'on aurait caché et mis en nourrice loin de la Cour). Cet héritier non reconnu, et censé être décédé depuis 1891 – semble être un danger pour les héritiers des ducs de Toscane.

Comprenne qui pourra!


Enfin, ce qui est sûr ,c'est qu'on retrouve ce Jean Orth avec Aguéli fin déc. 1904/ début janvier 1905 (cf. Lettre d'Aguéli du 25 /1/0905 et lettre déjà citée de G.Rémond qui le présente comme rédacteur à Il -Convito !?)

-en 1906 /1907, il est encore au Caire et perd son procès contre son logeur qui veut l'expulser ; et la même année, « un nommé Oscar Friedmann, venant de Vienne, demande par lettre une entrevue avec Jean Orth, entrevue devant avoir lieu au Caire, dans la demeure du Docteur Issabato (sic!) »( Les Mémoires de jean Orth, p.146).Comme ce Friedmann est un agent au service de l'Autriche , on voit déjà le rôle louche que peut jouer un homme comme Insabato. Mais cette référence pose problème, car Insabato avait quitté précipitamment le Caire le 12/12/1907 jusqu'en mars 1908 (sans prévenir Aguéli). Après, il semble être resté au Caire jusqu'en 1910 ou 1911. Nous avons le droit de nous demander qui a pu souffler le nom d'Insabato à J.Orth junior, qui ne le connaît pas, vu qu'il l'orthographie Issabato . Mais Jean Orth père a bien pu rencontrer Insabato à la Revue. Il ne reparlera plus de cet homme...

-1907: des témoins prétendent avoir vu un certain Köhler /Otten en Amérique du sud, correspondant à Jean Orth.

-1909: « deuxième » mort de Jean Orth. sous le nom de Köhler (?)
Entretemps (1908), Jean Orth a épousé Marie-Josèphe Jungo, suissesse.

-1911 : Ils ont un fils, Jean, qui est l'auteur des «  Mémoires » auxquels nous nous référons de préférence.

- de 1911 à 1921 : on perd sa trace, mais il dut vivre au Caire...

-enfin, le 23 décembre 1921, il est assassiné au Caire, ce qui demande un « éclairage » :
 
il y avait des troubles au Caire car le peuple revendiquait l'abolition du protectorat et le départ des Anglais. Nous pensons qu'on a profité d'une manifestation politique un peu confuse pour l'assassiner et faire croire que c'était le fait de manifestants échappant à l'ordre policier, selon l'enquête de la police qui se trouvait vite blanchie .Ceci arrangeait bien les agents secrets de l'Autriche qui le surveillaient depuis des années en guettant le moment où ils pourraient l'éliminer sans être soupçonnés.

Fallait-il qu'il soit gênant pour les héritiers restants de la couronne impériale ! Pour G. de Sède, il représentait les droits dynastiques toscaniens, branche que François-Joseph voulait éteindre .Comme ce dernier disparaît en 1916, d'autres ont pris la suite pour achever sa vengeance...


Pour en revenir au rapport de Jean Orth avec la revue Il-Convito, on peut se demander quelles étaient ses compétences et ses attributions. Quel intérêt présentait-il donc pour Aguéli? On sait par son fils qu'il avait reçu une bonne éducation, qu'il était cultivé et surtout qu'il connaissait fort bien 4 langues : français, anglais, allemand et italien .Or c'est cette dernière qui était surtout usitée dans la revue. Mais il y a chez lui un arrière-plan un peu trouble : n'aurait-il pas été recruté par Insabato ; serait-il devenu agent double ou triple ? Il arrive que ces gens -là soient éliminés impitoyablement, à partir du moment où ils ne sont plus utiles à leurs Services, ou présentent un danger pour la haute politique des dirigeants (ainsi, Aguéli n'a jamais été soutenu par son pays quand les Anglais ont décidé souverainement de l'expulser du Caire en 1916 - l'indépendance théorique de l'Egypte ne commencera qu'en 1922). Peut-être que son côté « anarchiste » et anti-monarchiste (comme Jean Orth 1er) l'avait intéressé ...


Au moment de son assassinat ,manifestait-il contre les Anglais ou était-il là « par hasard »? Enfin, pouvait-il présenter un intérêt dans le soutien apporté par Aguéli et ses chefs au service de l'empire ottoman.?
 
Quoi qu'il en soit, il semble jouer le jeu qu'on lui propose de passer pour le vrai Jean Nepomucène Salvator (- le premier), d'autant qu'il est payé pour le faire. S'est-il laissé prendre au jeu ? En tout cas, Remond et Aguéli le prennent pour une « altesse » !

Quant au rapport avec l'abbé Béranger Saunière- nous dira-t-on – il vaut mieux se reporter aux explications acrobatiques de Gérard de Sède qui croit qu'il faisait chanter   les altesses de Toscane avec des faux documents (par ex, établissant la légitimité de Jean Orth n°2) ou servait d'intermédiaire dans l'ombre à certains Services à la solde de l'empereur François-Joseph. ( voir G. de Sède : « Rennes-le-Château »/ le Dossier ... -Robert Laffont, 1989)





Ferdinand IV de Toscane (1835–1908), et son fils aîné présumé, Jean Orth (1859–1921).








































































































































































































































































































































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