dimanche 30 octobre 2016

Paroles d'or de Shaykh Abd al-Azîz Al-Dabbagh (Extraits)




Paroles d'or : Kitâb al-lbrîz de Shaykh Abd al-Azîz Al-Dabbagh
traduit par Zakia Zouanat

Nous disons : L'auteur du poème rimé en râ' (Râ'iyya) a parlé du maître initiateur, et le Shaykh Abd al-'Aziz al-Dabbâgh a commenté quelques-uns de ses propos. L'auteur de la Râ'iyya a dit :
Le maître a des signes qui s'ils sont absents chez lui, il n'est alors cheminant que dans les nuits des passions.

 Le Shaykh Abd al-'Aziz al-Dabbâgh dit : « Le maître initiateur a des signes apparents :
-       son cœur est sain de toute envie ou sentiment de jalousie ;
-       il n'a point d'ennemi parmi les gens ;
-       il est généreux, si tu lui demandes, il te donne ;
-       il aime ceux qui lui nuisent ;
-       il ne prête pas d'attention aux fautes des disciples.

S'il ne possède pas de science exotérique ni de science ésotérique, jette-le dans les vagues de la mer. 

Le Shaykh Abd al-'Aziz al-Dabbâgh dit : « Il veut dire par "science exotérique" la théologie et la science de l'unité, c'est-à-dire la proportion exigée de ces deux sciences chez le responsable. Et par "science ésotérique" il désigne la connaissance de Dieu Très Haut. [...] S'il trouve un maître qui ne rassemble pas de manière parfaite les deux sciences exotérique et ésotérique, le disciple est alors proche de la ruine. »

« Celui qui n'est pas compté parmi les maîtres parce qu'il n'a pas reçu l'investiture d'un maître parfait - car celui-ci est mort avant d'avoir terminé l'initiation de son disciple -, mais qui a été confirmé par les gens, est aussi un maître valable et acceptable parce qu'il n'est pas exclu que son initiation ait été complétée par des saints invisibles, ou par monseigneur Ahmad al-Khadir. [...] Ne t'attends à trouver le maître initiateur qu'en celui qui a rassemblé trois conditions : il est doté de vision intérieure ; il est libre des passions ; il n'est pas imbu de sa personne. [...] Celui dont les yeux sont rouilles voit le noir qui se trouve au milieu de la lune sur la face du soleil qui est dépourvu de noirceur, cela parce que les vérités s'inversent chez lui. Celui qui n'a pas de vision intérieure voit les défauts dans le maître parfait et le fuit, et il voit la perfection chez la personne inaccomplie. »

« Ne te présente chez un maître en vue d'entrer dans son compagnonnage que si tu as la conviction qu'il est un maître initiateur, et qu'il est en cela le plus confirmé de son temps. Cela est une obligation pour le disciple, car le maître qui voit que son disciple se tourne vers un autre maître lui coupe "les vivres". [...] Si tu trouves, par le don du Seigneur, le maître qui va t'initier, établis-toi à son service, tâche de connaître la valeur de son compagnonnage, et prends-le comme médiateur vers Dieu, peut-être atteindras-tu la connaissance de Dieu, mais encore tu dois éviter les choses blâmables aux yeux de la loi   exotérique. »

« Si tu élèves ton flux spirituel vers la voie de la pauvreté en Dieu qui est la voie soufie, laisse de côté les passions de ton âme dans ce qu'elle choisit pour elle-même comme dévotions et genres de rapprochements, sans que le maître les lui recommande, éloigne-toi de ses passions en cela de la manière dont tu dois t'écarter du mal. [...] Mets ton âme dans le giron de ton maître afin qu'il t'éduque comme une mère éduque son enfant dans son giron. Il n'y a pas pour ton âme de sortie du giron du maître et de sa tutelle avant d'être sevrée de l'initiation. »

« Ne t'oppose jamais à ton maître, car l'opposition au maître entraîne à coup sûr la dispersion du disciple opposant et son éloignement de son Seigneur et de sa religion. »

Sache (que Dieu t'assiste) que j'ai trouvé ces commentaires de quelques vers de la Râ'iyya écrits de la main même du maître sur une copie du poème. Je ne les ai donc pas entendus de lui, mais ils étaient écrits de sa main bénie sans aucun doute ; c'est pour cela que je les lui ai attribués, sachant que la science du maître est supérieure à tout cela. Comme j'aurais voulu lui lire ce poème afin d'entendre de lui les secrets seigneuriaux et les lumières de la connaissance dans son commentaire, comme à son habitude.

Quand le Shaykh est mort, je m'engageai à visiter fréquemment son tombeau, et je le vis en rêve qui me disait : « Mon être n'est pas emprisonné dans la tombe, mais il se trouve dans le monde entier. »
Dans le même sens, je l'ai entendu dire durant sa vie : « Le monde entier se trouve parfois dans mon intériorité. »

Et je l'ai entendu quelquefois dire : « Les sept cieux et les sept terres ne sont aux yeux du croyant que comme un anneau jeté dans un désert. La présence du maître doit être différente en fonction des 408 stations des maîtres. »
Tel est l'état du disciple dans l'assemblée du maître. Il doit garder le silence et ne rien proférer comme belles paroles en sa présence, sauf s'il trouve que le maître est disposé et que celui-ci lui ordonne de le faire. Le disciple en la présence du maître est comme celui qui est assis au bord d'un océan attendant qu'une subsistance lui parvienne.

Une étrange histoire est arrivée, et je l'ai entendue du Shaykh Abd al-'Aziz al-Dabbâgh. Je l'ai entendu dire : « J'ai rencontré à La Mecque (que Dieu l'ennoblisse) Abû-l-Hasan 'Alî al-Sadghâ' al-Hindî, et je l'ai trouvé dans un état étrange. Quand il voulait faire un pas, il levait le pied, et celui-ci tremblait dans l'air, il le remettait par terre et il tremblait, et il le rendait à l'endroit du pas et il tremblait, quiconque le voyait ne pouvait que dire : "Il est atteint de folie." Je lui dis : "Ô Abâ-l-Hasan, qu'est-ce que cet état dans lequel tu te trouves ?"

« Il dit : "Je n'ai pas dit ce qui m'est arrivé à un autre que vous, et je m'en vais vous le dire. Dieu Très Haut m'a révélé Son acte dans Ses créatures, je vois clairement Son acte courir dans la création, rien ne m'en échappe. Ensuite II m'a révélé les secrets de Son acte dans le destin des autres hommes. Je vois ces actes, et je sais pourquoi ils sont, et je connais les secrets du destin en eux de sorte qu'aucun de ces secrets ne m'échappe. Il m'arriva alors de croire qu'il ne m'a pas voilé Sa vision uniquement parce qu'il me veut du mal. [...] C'est pour cela que j'ai commencé à avoir peur de tout acte de mon choix, attribué à moi, imaginant avec exagération que chacun de mes actes choisis sera la cause de ma ruine. [...] Le premier geste quand je veux étendre mon pied est un acte, j'en tremble de peur, et je le rends à sa place tout en tremblant de peur parce que je le rends, et il en est ainsi dans chaque acte." »

Le Shaykh Abd al-'Aziz al-Dabbâgh dit : « Dieu a voilé la vision de ce saint afin qu'il ne voie pas Son acte en lui, par une miséricorde qu'il a voulu lui accorder ; s'il lui avait révélé cela et qu'il s'était mis à y voir l'acte en lui, son corps se serait consumé. »

Je me trouvais avec le Shaykh un jour à Bâb al-Hadîd quand il me regarda et dit : « Nul ne peut prétendre connaître Dieu s'il ne connaît pas l'Envoyé (SSP) ; et nul ne peut prétendre connaître l'Envoyé (SSP) s'il ne connaît pas son maître ; et nul ne peut prétendre à la connaissance du maître s'il n'a pas fait sa prière du mort sur les gens. Si les gens disparaissent de sa vue et qu'il se met à ne pas faire attention à eux dans ses dires, ses faits, et toutes ses affaires, il recevra une miséricorde inattendue. » Le Shaykh appréciait celui qui ne prête aucune importance au regard des gens sur lui.

II nous disait : « Ne me cachez rien des choses qui vous arrivent, que ce soit celles de la religion ou du bas monde, informez-moi même de vos péchés. Si vous ne m'en informez pas, je vous en informerai. Un compagnonnage dans lequel les états des compagnons sont occultés ne peut être bon. »

Il disait : « Quant à moi, je ne vous cache rien de mes affaires. » Et il nous expliquait son état jusqu'à ce qu'il ait atteint son époque, il nous rapportait tout ce qui lui arrivait comme choses habituelles et d'autres ; il nous disait : « Si je ne vous informe pas et ne vous révèle pas mes états, Dieu me punira et me demandera des comptes, car vous pensez du bien de moi. Patientez jusqu'à ce que je vous dise les choses intérieures qui ne vous ont pas été révélées, après cela, celui parmi vous qui voudra rester avec moi, qu'il reste, à ce moment-là sa nourriture sera licite pour moi, et j'accepterai ses offrandes. Celui qui voudra partir, qu'il parte. Mon silence sur ces choses serait une tricherie envers vous. » En vérité, le Shaykh était pure miséricorde pour ses compagnons, faisant le médiateur pour eux dans leurs fautes, couvrant leurs vicissitudes, prenant en charge tout ce dont ils craignent les conséquences, donnant plus d'importance à leurs affaires qu'aux siennes propres.

Un jour, il dit : « L'homme qui ne partage pas les mauvaises actions de son compagnon n'est pas un compagnon pour lui. Si le compagnonnage n'existe que pour les bonnes actions, ce n'est pas du vrai compagnonnage. »

II dit également : « Par respect pour le maître, si le disciple a des choses à lui dire concernant sa religion ou son bas monde, il ne doit pas se précipiter et l'envahir, mais patienter jusqu'à ce qu'il voie à travers l'état du maître qu'il est disponible pour lui et prêt à écouter ses paroles. Tout comme les invocations ont un temps, une politesse et des règles, car il s'agit de la conversation avec Dieu Très Haut, parler avec le maître a également des politesses et des règles, car cela relève d'une conduite envers Dieu Très Haut. Avant de parler au maître des questions qui lui tiennent à cœur, le disciple doit demander à Dieu Très Haut le succès dans sa politesse à l'égard du maître. »

Je lui dis un jour : « Je crains Dieu Très Haut pour des délits que j'ai commis. » Il me dit : « Que sont ces choses ? » Je lui dis alors ce qui m'était arrivé.
Il me dit : « Ne crains pas ces choses, mais le plus grand péché dans ton cas est que tu passes une heure sans penser à moi, c'est cela la transgression qui te nuira dans ta religion et ton bas monde. »


Je lui dis une fois : « O monseigneur, je suis loin du bien. » Il dit : « Abandonne cette idée, et regarde ta position chez moi, c'est sur elle que tu peux compter. » Nous étions avec le Shaykh dans un état dont il est rare d'entendre son pareil. Il ne nous arrivait pas une chose importante ou banale sans que nous ne la lui rapportassions, et à peine l'avions-nous fait qu'il la prenait en charge pour nous ouvertement et apaisait ainsi notre pensée. Il plaisantait et riait beaucoup avec nous, il nous encourageait à nous débarrasser de notre timidité, et commençait le premier à nous entretenir des choses qui nous préoccupaient, et nous disait : « Ne me considérez pas comme un maître, mais plutôt comme un de vos frères. Vous ne pouvez pas supporter la politesse que demande la station du maître, je vous pardonne et vous délie de cela. Prenez-moi comme un frère, l'amitié durera entre nous. » Que Dieu le rétribue pour nous de la meilleure façon, par Sa grâce et Son don.



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