mercredi 23 août 2017

Jeff Kerssemakers - Compte rendu - Reza SHAH-KAZEMI : Shankara, Ibn’Arabî et Maître Eckhart – La Voie de la Transcendance




Vers la Tradition n° 136 juin-août 2014
 
Reza SHAH-KAZEMI : Shankara, Ibn’Arabî et Maître Eckhart – La Voie de la Transcendance Editions l’Harmattan, Paris, 2013, 309 pp.
 
Une étude fort intéressante qui met en lumière les concordances entre trois Sages des trois plus grandes traditions présentes à cette fin de cycle : L’Hindouisme, l’Islam et le Christianisme . Le livre est issu d’une thèse de doctorat, soutenue à l’université de Canterbury et l’auteur remercie, entre autres, Martin Lings pour ses nombreux conseils et suggestions utiles . Bien que la terminologie soit en général correcte, l’auteur ne semble pas pouvoir se défaire du mot « mystique » . Les trois maîtres étudiés ici ne sont certainement pas des « mystiques », mais des « Hommes Universels », des « Réalisés ».
 
Cela dit, le livre est précieux à divers égards : le dernier chapitre « Contre la réduction de la Transcendance », traite de travaux universitaires ( !) récents et importants qui s’efforcent d’expliquer ( !) l’expérience mystique . L’auteur nous montre qu’Ils échouent complètement à rendre compte de la réalisation « mystique » (spirituelle, dirions-nous) . La conclusion est évidente : il est tout à fait justifié de parler de l’existence d’une seule essence transcendante, fondement de la réalisation spirituelle, et cela quel que soit le point de départ religieux . Comme la montagne propose beaucoup de sentiers, mais n’a qu’un seul sommet, la formulation extérieure peut diverger en fonction du chemin suivi, mais l’Essence est à l’image de l’absolue unité de la Réalité . Elle ne peut être qu’Un . Rien de ce monde n’est parfait : on peut effectivement regretter que l’auteur ne fasse aucune référence à l’œuvre de René Guénon, qui est tout de même incontournable pour les questions initiatiques de réalisation spirituelle .
 
L’exposé suit étroitement les textes des trois Maîtres qui font l’objet de cette étude .  Le but est ici de leur permettre de s’exprimer par eux-mêmes autant que possible, et de se fonder sur ces données, plutôt que sur les nombreuses hypothèses et spéculations de la critique . L’intention est d’étudier minutieusement les enseignements les plus essentiels de chacun d’eux et d’en extraire les éléments relevant de la transcendance, tant sur le plan de la doctrine, que de l’expérience .
 
Le premier chapitre sur Shankara propose d’étudier la Doctrine de l’absolu transcendant : Tat tvam Asi . L’ascension spirituelle culmine avec l’atteinte de la Libération (moksha), suivie du « retour » existentiel dans le monde des phénomènes .
 
Le deuxième chapitre montre que la doctrine de la transcendance selon Ibn ‘Arabî peut être considérée comme un commentaire ésotérique détaillé de la formule islamique « il n’y a pas de divinité, si ce n’est la (seule) Divinité ». Alors que la première étude (sur Shankara) affirme la nature tout-inclusive du Soi immanent, la seconde affirme la nature tout-exclusive de la Divinité transcendante .
 
Le troisième chapitre, sur Maître Eckhart, expose la Naissance du Verbe dans l’âme . Comprendre la signification, la nature et les conséquences de cette naissance est donc essentiel à une compréhension correcte des enseignements eckhartiens sur la réalisation transcendante .
 
Ce livre, truffé de citations pertinentes, pourrait être un vade-mecum précieux et bien utile pour tous ceux qui sont engagés dans une voie initiatique .

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